D’un côté, une actualité mondiale désolante, vitrine d’un monde qui s’effondre, rongé par l’individualisme et son corrélat, ce consumérisme qui achève de nous déconnecter de notre environnement, l’autre, l’inconnu, le fragile, le naturel. Le déni de l’autre, cela rassure mais nourrit la spirale de la peur et la haine. Par moments, je ressens la tentation de me détourner de ces actualités mais, en cessant de rester informée, je me déconnecterais à mon tour de mon environnement. Not in my backyard, pas chez moi, cela commence par se couper des infos. Le but de la vie est-il de survivre, replié sur soi, le plus longtemps possible, ou est-ce de d’aller à la rencontre du monde, même inconnu, même inquiétant ? Je m’étonne d’être insomniaque !
D’un autre côté, un autre monde, celui de la nature et du sacré, un monde éternel qui semble vibrer dans l’harmonie. En témoignent les oiseaux qui gazouillent chaque matin sans souci pour les vociférations de notre monde ; en témoignent ces petits animaux et insectes qui avaient réapparu comme par enchantement à l’époque du confinement ; en témoigne ce Triskell, symbole celtique à trois branches en spirale, que j’ai dessiné sur mon terrain pour y cultiver mes plantes médicinales, et qui dégage une énergie dynamique dont je n’ai pris la mesure qu’en voyant la photo prise par drone par ma voisine. Oui, j’en suis certaine, il existe une vie invisible. Je l’avais déjà rencontrée dans d’autres pays, le Tibet, la Mongolie, l’Amazonie, l’Écosse, les Asturies… je l’ai retrouvée dans le Finistère, ce pays de landes, forêts, mégalithes et côtes rocheuses. C’est pour la rencontrer de plus près que je m’y suis installée, m’expulsant littéralement de ma zone de confort. Je retrouve d’ailleurs à peine mon équilibre. Si j’en juge par les perturbations manifestées par mon corps ces dernières semaines — j’en profite pour saluer le soutien confiant de mon médecin homéopathe —, il me faut agrandir ma capacité de contenance de cette énergie subtile, probablement à travers le même processus que celui par lequel j’ai agrandi ma capacité de contenance émotionnelle.
Et puis, il y a le pont à créer entre ces deux mondes. C’est là où j’en suis. Ce pont, je réussis de temps à autre à le construire, le traverser, parfois même à danser dessus. Mais certains jours les piliers s’écroulent, je me sens exilée dans un monde et incapable de rejoindre l’autre. J’oscille d’un pôle à l’autre, tantôt rejetant le monde matériel trop toxique, tantôt doutant du monde spirituel trop illusoire. Pourtant, la démarche jungienne, qui reste ma colonne vertébrale, m’a appris qu’en tout il faut transcender le conflit, tenir ensemble la « conjonction des opposés » : tenir un pied dans le monde matériel, ET un pied dans le monde subtil. Le monde ordinaire et le monde non ordinaire, disent les peuples premiers.
J’y travaille. Pour moi-même d’abord, et parce que je ne me sentirai pas crédible de proposer des ateliers d’intégration de ces deux mondes tant que je n’aurai pas suffisamment réussi moi-même cette intégration. Walk your talk, incantent les managers et coachs — littéralement, marche comme tu parles. Si je m’accroche, c’est d’abord parce que je n’ai pas vraiment le choix : le monde subtil m’appelle depuis qu’enfant, je faisais mes devoirs au pied des grands chênes, depuis qu’ado, j’arpentais les vieux cimetières où je décelais une vie invisible. Ensuite, c’est parce que je suis intimement convaincue que le réenchantement du monde, passe par le rétablissement de ce pont dans la conscience d’un plus grand nombre.
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