Habiter son âme

CG JUNG nommait individuation le processus qui répond à l’appel à relier en soi son monde conscient et son monde inconscient (individuum en latin signifie « indivisible »). C’est l’appel à devenir « qui on est » derrière nos façades, nos défenses et nos ombres, à vivre pleinement plutôt que sur-vivre, à incarner notre potentiel de plénitude. C’est l’appel de l’Âme qui veut que se manifestent nos potentialités. 

Cette Quête peut se manifester par un besoin impérieux de donner une nouvelle direction à sa vie, par une perte de sens ou une expérience du vide intérieur, ou encore par par des rêves bouleversants. Répondre à cet appel exige tôt ou tard de relativiser la domination du rationnel sur notre vie, et de redonner une place première à ces signes venus de nos profondeurs.

Habiter la Terre

La terre est notre berceau. Se réensauvager — rewilding —, c’est retrouver le contact avec cette nature-berceau et s’immerger en elle. C’est se relier à la Nature en se déconnectant de la Culture — la civilisation. Passer du temps en forêt, en montagne, dans les grandes plaines, sans montre, ni portable, ni bouquin.  Respirer l’humus, écouter le vent et le silence, se coucher sur le sol, toucher les feuilles et les graines, se laisser mouiller par la pluie, dormir à la belle étoile…

Passés les premiers inconforts, la capacité de connexion se refait très rapidement, parce que notre corps ne demande que cela. Se réensauvager permet de vivre un élargissement de notre champ de conscience. Les peuples traditionnels appelaient cela une quête de vision. La Nature respirée, sentie, écoutée, nous renvoie en miroir notre vie, nos questionnements et nos traumatismes. Elle devient un partenaire dans nos quêtes d’épanouissement.

En outre, les retrouvailles approfondies avec la Nature réveillent en nous une conscience qui ne doit plus rien à la peur mais à l’empathie, la solidarité, l’amour. Nos tendances consuméristes s’abaissent et notre immunité naturelle se renforce. Nous développons un sens écologique qui relève de la spiritualité plus que du devoir. La Nature ne nous appartient pas, nous appartenons à la Nature.

Habiter son corps

Il est plus facile de donner du sens aux expériences douloureuses lorsque l’on a développé la capacité de tolérer durablement et de donner de l’expansion en soi à la charge émotionnelle qui se manifeste. Ce n’est qu’alors que l’on peut exprimer toute sa puissance.

Raja SELVAM, PhD
Integral Somatic Psychology

Élargir notre conscience somatique nous permet avant tout de mieux auto-réguler notre système nerveux autonome :

  • L’énergie circule mieux dans le corps. Elle n’est plus consacrée à se défendre des ressentis désagréables et des mémoires traumatiques.
  • Le système nerveux parasympathique de détente se met en route. La résilience s’accroît. Le stress chronique se réduit. Le système immunitaire se renforce.
  • L’émotion s’exprime de manière plus ajustée, moins impulsive. Des réponses comportementales nouvelles émergent.
  • Le mental est moins sollicité, peut se reposer. Il reste mobilisé pour la mise en œuvre de l’information.
  • Les muscles retrouvent leur tonicité naturelle.
  • Le sens de l’expérience est transmis par le corps plutôt que généré par la pensée. Le champ des possibles s’élargit.

Au fil du temps, nous nous retrouvons plus en contact avec notre corps, nous retrouvons une présence authentique à nous-même et à l’autre : nous prenons mieux soin de nos besoins personnels; nous osons exprimer nos besoins et désirs, dire non et fixer nos limites; nous nous ouvrons à la confiance relationnelle. Nous répondons à l’élan vital de connexion à soi et à l’autre qui anime notre organisme. Notre potentiel de force créative se révèle, en proportion de la force de nos anciens blocages.