La psychologie des profondeurs — autre dénomination de l’analyse jungienne — est une démarche qui interroge la profondeur de l’âme humaine. Elle ne se suffit pas de dévoiler les refoulements liés à la petite enfance, elle va dans les tréfonds, à la rencontre des ombres, à l’écoute des questions essentielles de sens et d’incarnation que nous pose notre âme. Bien plus qu’un processus de guérison des blessures du passé, la psychologie des profondeurs est un travail intégratif qui favorise un alignement spirituel, psychique et somatique et un cheminement vers la réalisation de l’essence de soi.

 Expérience spirituelle

Ils cherchent situation, mariage, réputation, réussite extérieure et argent; mais ils restent névrosés et malheureux, même quand ils ont atteint ce qu’ils cherchaient. Leur vie n’a point de contenu suffisant, point de sens.


Carl Gustav JUNG

Nous ne sommes pas des dieux. Nous sommes confrontés aux limites de notre réalité humaine : la finitude, l’absurde, la solitude. Et nous de temps à autres nous éprouvons cette conscience interrogative d’un au-delà qui nous échappe.

Lorsque subsiste un mal-être diffus, une aspiration ou une nostalgie indéfinissable — la saudade que chante le Portugal qui est autre que le seul vide laissé par notre histoire personnelle, on peut y entendre un appel à entrer en relation avec cette dimension de la réalité qui nous dépasse, le transcendant. Nombreux sont ceux qui expérimentent une ouverture, spontanée ou ritualisée, à la dimension du Sacré et ne savent comment, avec qui en parler, tant notre culture cartésienne y est peu réceptive.

L’expérience spirituelle s’ancre dans cette immense humilité qu’est la reconnaissance que nous ne pouvons pas tout et que, lorsque nous sommes au bout de nos ressources, l’aide peut venir d’un ailleurs inespéré. C’est dans les plus profonds moments de désespérance, de déréliction, que peut s’éveiller le plus puissant désir de vivre, et avec lui l’appel à la grâce, celle qui donne accès à la gratitude et à la plus profonde joie de vivre.

Expérience psychique

Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas.
Blaise PASCAL

Nous sommes des êtres de raison mais également de sensibilité. Or, quand les émotions sont trop douloureuses, lorsqu’elles révèlent nos meurtrissures, nos ombres, notre premier réflexe défensif est de nous retrancher dans le mental : expliquer, relativiser, rationaliser. Contrôler nos émotions nous expose à la fatigue mentale, au dessèchement affectif ou la somatisation.  Ne pas les contrôler éveille par contre la crainte d’en être submergé, de s’écrouler.

L’intégration psychique est donc à la fois complexe et subtile. Le mental est nécessaire : il faut des mots pour sortir du silence, du sens pour sortir de l’absurde, de la cohérence pour sortir du chaos. Quant aux émotions qui colorent nos réactions et nos choix, et surtout les plus extrêmes d’entre elles, celles qui ont si peu de place en société, elles demandent à être accueillies : ni débusquées ni bridées, mais reconnues, tolérées, et peu à peu vécues dans plus de sécurité, la souplesse, la fluidité. En un mot, apprivoisées. Le corps enfin, dans sa sensorialité, agit comme de caisse de résonance.

Peu à peu, nous pouvons nous relier aux parts inconnues de notre personnalité, celles qui nous meuvent et nous émeuvent à notre insu, les plus sombres comme les plus lumineuses. Et nous pouvons retrouver, tapie derrière nos peurs et nos échecs, enfouie sous nos meurtrissures, la petite voix de notre être authentique, la voix de notre âme.

Expérience corporelle

Le corps est simplement la visibilité de l’âme, la psyché, et l’âme est l’expérience psychologique du corps. Ainsi c’est vraiment une seule et même chose… 

CG JUNG

Nous sommes avant tout des êtres incarnés. C’est à travers notre corps que se manifestent nos expériences intérieures, émotionnelles et spirituelles. Lorsque nous pensons trop, c’est au détriment de notre ressenti : nous nous coupons de notre corps et de ses messages, nous sommes moins ancrés dans la réalité, moins reliés à la puissance de la nature qui nous entoure, moins reliés à notre âme. La conscience corporelle (en anglais : embodiment) passe par l’apprentissage d’une plus grande présence à nos expériences corporelles et sensorielles, et le renforcement de notre capacité à les mettre en relation avec notre vie psychique (émotions, images, croyances, traces enfouies, mémoires anciennes).

C’est pour soutenir cet ancrage que je conjugue naturellement l’analyse jungienne avec une approche somatique.

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